Fixons le décor : un entrepôt, des commandes à préparer, des erreurs de préparation à éviter, une productivité Logistique à maintenir et des Clients à satisfaire.

Aujourd’hui, un préparateur de commande peut disposer de trois outils afin de préparer une commande client dans un entrepôt avant que celle-ci soit ne expédiée et réceptionnée par le client final :

  • Le Bordereau de Préparation classique papier (« Picking List »)
  • Le Terminal Radio-Fréquence  (RFID)
  • Le casque audio qui délivre des instructions vocales (« voice guidance systems”)

Ce dernier fait déjà figure de révolution, comme le souligne la Nouvelle revue du travail : « Dans les entrepôts […] l’introduction d’un nouvel outil de travail, le guidage par commande vocale, a considérablement modifié le travail des préparateurs de commande. Auparavant caractérisée par l’absence d’enchaînement et la possibilité de prendre de l’avance, l’activité de préparation a évolué vers une temporalité restrictive comparable à celle d’un ouvrier sur chaîne. Sous guidage vocal, « le nez dans le micro », le savoir-faire des préparateurs est réduit à un engagement physique. L’usage du corps constitue alors une ressource en tant mode d’appropriation du sens au travail, mais également un rempart lorsque des pathologies font apparaître les limites de l’intensification » (source : D.G. nouvelle revue du travail).

Voilà qu’un  nouvel outil apparaît avec la montre connectée ! Gadget ou réalité ?

Rappelons que les bonnes pratiques Logistiques préconisent des systèmes de préparation de commandes qui garantissent à la fois :

  1. de la flexibilité pour s’interfacer avec les progiciels de gestion d’entrepôts du marché (Warehouse Management System « WMS »)
  2. de l’ergonomie pour permettre au préparateur de ne pas être bloqué dans ses gestes de travail
  3. de l’accessibilité pour simplifier les consignes de prélèvement

Bref avoir les deux mains libres sans entrave, c’est-à-dire le principal atout de la montre connectée.

En effet, les véritables enjeux de la préparation se situent à plusieurs niveaux :

  • garantir en temps réel des stocks justes (le stock physique doit correspondre au stock logique) ;
  • atteindre le taux de zéro erreur de préparation (les réclamations sont les cauchemars de tous les services clients !) ;
  • éviter que le préparateur de commandes multiplie les kilomètres dans l’entrepôt ;
  • prendre soin du personnel pour réduire les accidents et les maladies professionnelles (faire baisser l’absentéisme) ;
  • limiter les mouvements de flux inutiles ainsi que les réapprovisionnements picking difficiles à traiter en même temps que les préparations.

 

LYN Consulting recommande de préparer l’introduction des montres connectées dans l’entrepôt et propose pour cela une démarche en trois Phases.

Phase 1 : Préparer les interfaces de communication entre le « WMS » et les objets connectés.

Il faudra pour cela revoir et simplifier la manière dont les instructions de préparation de commandes sont données au personnel du terrain.

Le préparateur de commande a besoin de trois éléments pour faire correctement son travail :

  1. Avoir reçu une bonne formation sur les outils et les consignes de travail (sous les fondamentaux sont sous-estimés au profit de l’investissement technologique)
  2. Recevoir des consignes simples pour prélever les articles de la commande dans les zones picking
  3. Etre préparer à traiter en temps réel des dysfonctionnements terrain comme l’article au mauvais endroit, le colisage non conforme, le stock faux du picking, etc….

La montre connectée peut apporter une valeur ajoutée importante pour traiter ces points et maintenir la productivité Logistique à son meilleur niveau.

 

Phase 2 : Digitaliser les consignes de prélèvement dans les zones de picking pour garantir le niveau de service ad hoc

Chaque article (« Stock Keeping Unit SKU ») est stocké à une adresse précise dans l’entrepôt : allée, niveau, cellule, type de conditionnement,…). L’article à prélever peut évidemment se trouver à plusieurs adresses en fonction des quantités stockées. Que signifie alors digitaliser les consignes ?

L’expérience terrain montre que le préparateur est soumis à de fortes pressions compte tenu du timing de préparation. Digitaliser c’est donner des consignes limitées qui sont  immédiatement compréhensibles et permettent après prélèvement d’actualiser le stock en temps réel.

L’exemple de l’image ci-dessous montre une version plausible et réaliste de ce que peuvent apporter les objets connectés à la préparation des commandes dans un entrepôt :

montre_connectee.jpg

 

 

 

 

 

 

 

Phase 3 : Former le personnel

Il est indispensable de rendre le personnel plus autonome et responsable pour pallier aux contrôles post prélèvement souvent fastidieuses, coûteuses et parfois inutiles.

Les enjeux de la préparation de commande sont énormes car les conséquences d’une erreur ou d’un stock qui ne reflète pas la réalité terrain coutent beaucoup d’argent à l’entreprise sans compter les effets secondaires liés au stress des conditions de travail. Il est donc indispensable de mettre l’accent sur la formation des équipes concernées.

Comment ? Une des solutions consiste à s’appuyer sur le Lean Management pour simplifier les consignes, supprimer les gaspillages et responsabiliser les équipes du terrain. Les exemples des entreprises Favi (www.favi.com) et Poult (http://www.groupe-poult.com/fr/) sont de véritables sources pour aider les entreprises à progresser sur les terrains de la formation et de la responsabilisation.

La simplification des consignes et la mise en œuvre de l’approche de responsabilisation collective se déplace dès à présent sur le terrain idéologique. Ces objets connectés doivent-ils être utilisés pour augmenter la productivité ou pour servir (ce qui n’est pas souhaitable) de contrôleur portatif à l’attention des équipes ? Il ne faut bien évidemment pas tomber sur le « le diktat des algorithmes » mis en avant par la CNIL dans son rapport prospectif pour 2020 (Lien à consulter: www.cnil.fr/fileadmin/documents/Guides_pratiques/Livrets/Cahier-ip/cnil_cahieripn1/index.html).

L’avance technologique de ces objets connectés devra donc être encadrée techniquement mais aussi juridiquement pour protéger le personnel et l’entreprise de toute dérive. Il est évident que l’augmentation de la productivité sera au rendez-vous de cette Logistique toujours plus pointue au service de la qualité de service et donc de la satisfaction des clients.

 

Dominique Assouline – LYN Consulting – Mai 2015